Contes
Publié le 13/12/2008 à 12:00 par noeldeladamedelabcd

La petite fille dans le jardin
Je me souviens d'une nuit de Noël et d'une petite fille aux grands yeux noirs débordant d'espoir.
L'espoir de me voir...
Mais quel prix la pauvre enfant à payer pour cela !
Cette nuit était si claire qu'en haut, les étoiles brillaient comme des millions de diamants mais qu'en bas, le froid glaçait la terre.
Je venais d'arrêter mon traîneau devant une maison où je devais traverser un petit jardin avant d'entrer.
Il faisait si froid que j'ai changé mes gants contre une paire plus chaude (par expérience, je prend toujours mes précautions) et que j'ai donné un tour de plus à mon écharpe.
En avançant dans le jardin, j'ai eu de suite le pressentiment que quelqu'un était là, immobile dans le noir... quelqu'un qui me guettait.
Ce n'était pas une bête, je suis trop habitué à en rencontrer durant ma tournée pour me tromper.
Non, là, c'était une présence humaine.
Mes yeux étant habitués à voir dans la nuit, j'ai vite repéré une forme insolite au pied d'un arbuste, comme un sac qui aurait été déposé là.
A ceci près que ça n'en était pas un... Ca respirait !
Un souffle léger, rapide, qui dégageait des bulles de buée dans l'air glacé.
Je me suis approché doucement.
Le souffle s'est suspendu.
D'abord je n'ai vu qu'une couverture recouvrant je ne sais quoi en dessous.
Au moment où j'allais la soulever, quelque chose a jailli d'en dessous pour se jeter sur moi !
On a beau être le Père Noël, on est comme tout le monde, on a des frayeurs.
J'ai fait un écart en arrière qui m'a fait tomber à la renverse.
Sur moi, je sentais un paquet tout froid qui ne bougeait plus et deux bras qui me serraient fort.
C'est en me relevant que je me suis rendu compte qu'il s'agissait d'un enfant.
Une petite fille en pyjama, qui n'avait guère plus de 5 ans.
"Mais qu'est-ce que ça veut dire ? Mais qu'est-ce que tu fais ici à cette heure et dans ce froid ?".
La petite fille ne m'a pas répondu ; elle ne pouvait pas, tremblante comme elle l'était.
J'entendais ses dents claquer, je la sentais raidie par le froid intense, mais ses yeux parlaient pour elle.
Ils brillaient sous la lune, noirs, profonds, intenses, dévorés par l'espoir.
Je l'ai vite enveloppée dans la couette et l'ai emmenée, serrée contre moi, dans la maison.
Elle ne bougeait toujours pas, à demi morte de froid.
Imprudente petite fille !
Combien te temps suis-je resté près d'elle pour la réchauffer et lui donner du chocolat bien chaud à boire ?
Je ne saurais le dire mais quand je l'ai quittée, elle dormait enfin, chaude, heureuse dans ses draps roses.
Je suis repassé la voir à la fin de ma tournée.
Elle dormait en souriant mais je l'ai réveillée pour qu'elle me promette de ne plus jamais recommencer une bêtise pareille.
"Plus jamais" m'a-t-elle répondu. "Mais j'avais tellement envie de te voir, Papa Noël !"
J'ai appris quelque temps après, que cette petite fille disait à tous les enfants qu'ils ne devaient surtout pas faire ce qu'elle avait fait.
Un Père Noël ça s'attend dans la maison, bien au chaud... et de préférence en dormant pour ne pas le déranger dans son travail.
Fin.
Publié le 04/12/2008 à 12:00 par noeldeladamedelabcd

Le Noël de Tacotin, le peti Lutin
Tacotin, le petit lutin, a décoré son sapin.
Il a placé ses souliers au pied de l'arbre.
Et, à présent, il attend le Père Noël.
Mais quel est ce bruit dans la cheminée ?
Et qui est ce vieux monsieur tout habillé de rouge qui atterrit sur le tapis ?
Tacotin a un peu peur mais il reconnaît vite la barbe blanche et le gros bonnet fourré.
Le Père Noël, car c'est bien lui, est très pressé.
Son traîneau est cassé et il a oublié sa boîte à outils.
Il faut dire que le Père Noël est un grand étourdi. Alors il demande à Tacotin son marteau et ses clous. Le petit lutin est ravi de rendre service au Père Noël et il court vite chercher sa boîte à outils.
Puis il demande :
- Et mon cadeau ? As-tu pensé à mon cadeau ?
-Mon pauvre Tacotin ! Je suis si étourdi que j'ai même oublié ton cadeau !
Et Tacotin va se coucher, un peu triste.
Mais dans la nuit, un tintement de clochettes réveille le petit lutin.
Il bondit à la fenêtre.
Le Père Noël est là avec ses rennes et son traîneau.
- Tu as trouvé mon cadeau ? lui crie Tacotin tout content.
- Hélas non ! dit le Père Noël. Je te rapporte la boîte à outils. J'étais parti avec. Je suis vraiment étourdi. J'ai même oublié mes lunettes. C'est bien ennuyeux car je n'arrive pas à lire le nom écrit sur ce paquet au fond de mon traîneau. Tu viens m'aider ?
Tacotin sort en courant dans le jardin.
Dans le grand traîneau du Père Noël, il reste un énorme colis.
Le petit lutin s'approche et lit :
"Pour Tacotin".
Tacotin saute de joie.
Il ouvre le paquet :
c'est un joli traîneau, comme celui du Père Noël, mais plus petit.
- Merci ! dit Tacotin. Mais où sont les rennes pour tirer mon traîneau ?
- Oh ! que je suis étourdi ! s'écrie le Père Noël. J'ai oublié les rennes. Comment faire ? Je sais. Je vais te donner l'un des miens. Prends celui-ci : il s'appelle Klicka. Il est très doux et il court vite.
Et le Père Noël saute dans son traîneau qui disparaît dans les nuages.
Mais il a oublié son bonnet rouge qui est tombé dans la neige.
Tacotin le ramasse et dit en caressant Klicka :
- Le Père Noël est vraiment étourdi. Mais il est si gentil !
FIN
(Texte de Annie Bournat, publié dans le magazine Toupie
n° 15 /déc. 1986)
Publié le 16/11/2008 à 12:00 par noeldeladamedelabcd

DROLE DE NOËL
Ce matin-là, la ville de New-York était toute illuminée, car c'était le 24 Décembre, jour de réveillon de Noël.
Pour ce Noël de 1960, la mère de Sylvie avait invité toute la famille : Georges le grand-père, Katleen la grand-mère, et aussi le cousin Steve, arrivé la veille de Chine où il habitait.
Vers 10h00, ils entendirent un bruit de sonnerie dans la cheminée, tout le monde alla voir...
Steve ayant des connaissances dans le ramonage, réussit à attraper la chose...
Cette chose était... un chat !
Toute la famille, surtout Sylvie et sa mère, l'air étonné, le prirent et découvrirent le mystère de la sonnerie : le chat avait des grelots naturels qui avaient poussé au cou. Sylvie, pensive, questionna la famille :
- A votre avis, ce chat n'aurait-il pas des origines bizarres ? Ne faudrait-il pas le rendre à sa famille ?
- Mais... heu... Tu sais ma petite Sylvie, dit la grand-mère, c'est le réveillon ce soir !
- Grand-mère ! Grand-père, cousin et toi, maman ! C'est Noël, rendons le bonheur à ce drôle de chat ! S'il vous plaît, dit Sylvie.
- C'est vrai, dit la famille en choeur, c'est Noël, nous sommes avec toi !
- Oui ! ! redit Sylvie.
Mais comment y parvenir ?
- Je sais comment trouver d'où il vient ! Nous allons écrire une annonce :
Avons trouvé un chat à grelots.
Si vous avez perdu votre chat,
Appelez au : 88 6766 333 225,
ou venez directement le chercher au
12 impasse du petit bois,
New York
- Et puis, nous l'afficherons à tous les arbres.
Ca, c'était l'idée de Sylvie. Mais tout à coup, on entendit une voix qui s'exclama :
- Non, pas question !
C'était le grand père qui voulait qu'on garde le petit chat à grelots.
Ensuite, il demanda qu'on se mette à table, mais à la fin du repas, il fit un malaise.
Sylvie, affolée, appela les pompiers.
- Les voila ! s'écria la grand-mère
- Et notre réveillon ? dit Steve.
Les pompiers posèrent délicatement le grand-père sur un brancard et le conduisirent à l'hôpital.
Le chat profita de la porte ouverte pour sortir de la maison et suivre le grand-père jusqu'à sa chambre.
Comme la fenêtre était ouverte, il se mit sur le rebord et miaula.
Le grand-père s'approcha et lui demanda ce qu'il faisait là.
- Je suis venu jusqu'ici pour te sauver la vie.
- Mais pourquoi ? et comment ?
- N'as tu pas remarqué que je ne suis pas un chat comme les autres ? répliqua le matou, une lumière malicieuse dans les yeux.
C'est à ce moment que l'infirmière entra dans la chambre ; le chat disparut en un clin d'oeil et le grand-père qui était bien incapable de savoir où il était passé se frotta les yeux pour être bien certain qu'il n'avait pas rêvé.
Le chat était maintenant invisible mais grand-père Georges entendait le bruit des grelots qui tintaient dans la chambre.
L'infirmière, elle aussi entendit cette musique, elle chercha aux quatre coins de la pièce et sous le lit mais elle ne trouva pas son origine.
N'ayant rien aperçu, elle se dirigea vers grand-père et s'approcha de lui, une seringue à la main.
Voyant cela, le chat sauta sur l'infirmière et lui mordit le bras. Elle se mit à hurler de peur et fit tomber la seringue. Elle se sauva à toutes jambes à la recherche du docteur Patrick.
Grand-Père Georges, pas rassuré du tout, apostropha le chat :
- Oh ! Malheureux ! Sale matou ! Je vais mourir à cause de toi. L'infirmière ne me voulait pas de mal. Va vite la chercher. Tu as bien dit que tu voulais me sauver la vie ?
Le chat ne répondit pas. Il s'approcha de Georges et fit sortir d'un de ses grelots un rayon chaud qu' il dirigea sur la poitrine du vieil homme.
Georges s'endormit aussitôt. D'un autre grelot surgit alors un rayon froid orienté sur le ventre.
Quand l'infirmière revint dans la chambre, accompagnée du docteur, Georges était debout et tournait en rond, l'air parfaitement guéri.
- Que faites-vous debout ?
- Mais je suis guéri...
- Comment ça, guéri ?
- Aucune idée , mais je me suis endormi et je n'ai plus mal nulle part .
- Allongez vous , on va vérifier .
Le docteur ausculta Georges et ne vit rien d'anormal.
- Je ne comprends pas ce qui s'est passé , vous pouvez partir , mais faites quand même attention.
De retour dans la famille , le grand -pére raconta le miracle. Tout en parlant, il vit le chat sur le bord de la fenêtre .
Aussitôt il le fit entrer .
- C'est moi qui t'ai sauvé la vie.
- Qui es-tu ? D'où viens-tu ?
- Je suis Élise, ton ange gardien.
- Hein, mon ange gardien ? Qu'est-ce que c'est cette histoire ? Je ne comprends rien du tout !
- Georges, tout le monde a un ange gardien. Cependant, ce n'est pas tous les gens qui les voient.
- Mais pourquoi nous te voyons maintenant ?
- Je ne voulais pas que tu meures la veille de Noël. La famille aurait beaucoup souffert si le grand-père était décédé pendant cette soirée sainte !
- Donc, mon ange gardien est un chat à grelots ?
- Non, je suis dans cette forme pour que tu puisses me voir sans crainte.
À ce moment là, on entendit le clocher de l'église sonner car il était minuit. Le chat, avant de disparaître, se transforma en ange aux ailes dorées portant une belle robe blanche.
- Joyeux Noël Georges !
- Joyeux Noël, Élise, mon cher ange gardien !
FIN
Publié le 16/11/2008 à 12:00 par noeldeladamedelabcd

De la neige pour Noël
de Françoise Bobe
C'était un hiver comme on n'en avait jamais vu : un hiver où il faisait presque chaud !
Les gens ne mettaient pas de manteau et les rouges-gorges n'avaient pas besoin de chercher des miettes près des maisons.
Dans les stations de ski, on patientait les bras croisés en regardant le ciel.
Des enfants faisaient de la luge sur l'herbe et attendaient la neige avec impatience.
Le Père Noël, lui, guettait les premiers signes de l'hiver. Tout en regardant le thermomètre, il pensait :
"Saperlipopette ! Il faut faire quelque chose : Noël avec un temps de printemps, ce n'est pas Noël !"
Le Père Noël prépara son traîneau en veillant à ne rien oublier.
Puis il alla consulter Roni, le plus vieux de ses rennes, celui que l'on appelait Roni-Météo.
Celui-ci avait une curieuse façon de regarder d'où venait le vent, en clignant des yeux et en grattant du sabot, avant de dire quel temps il ferait dans les jours à venir.
II ne se trompait jamais.
Ce jour là, il annonça an Père Noël :
"Ce sera un Noël sans neige, à moins que...
- A moins que quoi ?" interrogea le Père Noël, très inquiet.
Le Vieux renne se racla la gorge et dit :
"A moins que tu n'appelles Perce-neige !"
Perce-neige était une adorable fée très coquette qui ne pensait qu'à ses robes, ce qui agaçait beaucoup le Père Noël.
Elle avait souvent la tête dans la lune et faisait des bêtises plus grosses qu'elle.
Au dernier Noël, par exemple, elle lui avait donné de la poudre à éternuer pour soigner son rhume !
"Non, non et non, elle se trompe trop souvent ! dit le Père Noël à Roni.
- Mais elle est gentille !" répondit le renne.
Justement, la fée Perce-neige venait faire admirer son nouveau chapeau.
- De la neige pour Noël ?
Facile ! s'écria t elle en levant sa baguette magique :
Aglaglacadabra ! L'hiver le voici, le voilà !" dit-elle en faisant tournoyer sa jupe.
Aussitôt, l'air se rafraîchit et il se mit à tomber des glaçons gros comme des citrons.
"Aïe ! cria le Père Noël qui en reçut sur la tête. Qu'as-tu encore inventé, Perce-neige ?
- Abracadastop ! Suffit les dégâts !" cria la fée avant de faire mille excuses au père Noël.
Le Père Noël jeta un regard de reproche à Roni, qui baissa les yeux sur ses sabots.
Mais Perce-neige promit d'arranger tout ça.
Elle prit soin d'abord de couvrir ses épaules d'une fourrure scintillante, puis elle leva sa baguette et dit :
"Aglaglacadabra ! L'hiver est là et bien là !"
Aussitôt, tout devint de givre.
La moindre goutte de rosée était gelée.
Les sapins semblaient décorés de perles blanches.
"Et maintenant, gronda le Père Noël, mes bottes sont prises dans la glace !
- Abracadastop ! Suffit les dégâts !" cria la fée avant de faire mille excuses au Père Noël.
Perce-neige sourit au Père Noël en promettant d'arranger tout ça.
Elle serra encore plus fort sa baguette et dit :
"Aglaglacadabra ! L'hiver viendra, l'hiver viendra !"
Aussitôt, la glace se mit à fondre.
Et bientôt, tout le monde eut les pieds dans l'eau.
Les sapins semblaient pleurer de toutes leurs aiguilles.
Le Père Noël se fâcha tout rouge :
"Dans trois heures, je dois partir. Je refuse de faire ma tournée en bateau. Perce-neige tu m'entends bien ?"
La petite fée fit mille et mille excuses au Père Noël et lui promit d'arranger ça.
Perce-neige lança sa baguette au-dessus de sa tête.
La baguette se courba et devint un anneau doré qu'elle passa à son doigt.
Elle fit un signe d'adieu au Père Noël étonné de la voir s'élever dans les airs.
Alors, le ciel se remplit de papillons blancs.
"Regarde, dit Roni en riant, ces papillons blancs sont des flocons de neige !
- Ouf ! Il était grand temps !" dit le Père Noël en souriant.
Et il courut atteler ses rennes.
Lorsque le traîneau commença à glisser sur la neige, il soupira :
«Un Noël tout blanc, c'est quand même beaucoup mieux pour les enfants !"
FIN
Publié le 16/11/2008 à 12:00 par noeldeladamedelabcd

Chasse au trésor
C'était le matin de Noël.
Éveillé avant le jour, Jérôme songeait aux souliers qu'il avait mis dans la cheminée.
Ils devaient être pleins, à présent.
Quelles surprises allait-il y trouver ?
"Ne te lève pas trop tôt, avait recommandé maman la veille au soir, en l'embrassant. Et souviens-toi : il ne faut pas ouvrir la porte de ta chambre avant que je t'appelle."
Jérôme ne pouvait plus attendre. Il étendit le bras et pressa sur le bouton pour allumer sa lampe de chevet.
Mais... quelle était cette grosse boule près de son oreiller ?
Une orange ?
Surpris, il la prit et l'examina.
Il y avait des lettres taillées dans l'écorce.
Lentement il tourna l'orange et lut :
"Va... voir... tes... souliers!"
Jérôme sauta hors du lit et courut à la cheminée.
Ravi, il battit des mains.
Un gros paquet brun était posé sur ses souliers.
Vivement il arracha le papier et tira d'un carton un magnifique tracteur pour sa ferme modèle.
A l'intérieur du tracteur, un petit billet disait :
"Va... voir... dans... l'armoire."
Dans l'armoire, il découvrit un nouveau paquet.
Le paquet arraché, il en sortit une grosse balle et un troisième billet :
"Va... voir... dans... la... bibliothèque."
Que cette chasse au trésor était donc amusante !
Jérôme trouva ainsi un jeu de patience, un livre, des crayons de couleur, des albums à colorier, des bonbons...
Dans ce dernier paquet un petit mot disait :
"À présent... ouvre... la... porte... de... ta chambre !"
Jérôme courut à la porte et l'ouvrit.
Il poussa un cri !
Devant lui, une bicyclette flambante neuve... ce qu'il désirait le plus au monde, depuis si... si longtemps.
Papa et maman sortirent de leur chambre :
"Joyeux Noël, mon chéri!"
Jérôme se jeta à leur cou :
"C'est le plus beau Noël de ma vie!" dit-il à ses parents en les embrassant.
FIN
Publié le 16/11/2008 à 12:00 par noeldeladamedelabcd

CATICHKA
Connaissez-vous la légende de Catichka ?
Mais, est-ce vraiment une légende ?
Les vieilles gens du petit hameau de Branchepain niché entre deux montagnes, vous affirmeraient que cette histoire s'est réellement passée. Aujourd'hui, bien des années après, c'est devenu un conte de Noël que je vais m'empresser de vous narrer.
LA DESOBEISSANCE DE LIZZIE
Lizzie était une fillette sans histoire. Studieuse à l'école, obéissante à la maison. Elle habitait une jolie ferme à environ un kilomètre du village. Cette année-là, l'hiver se révélait particulièrement froid. Dès la fin du mois de novembre, les neiges étaient arrivées après une semaine de gelées. On avait vu de loin les gros nuages venir du Nord ; puis la blanche descente des flocons avait commencé.
Et maintenant, tout était blanc ! Lizzie adorait ce paysage magique. C'est ainsi qu'elle le qualifiait. Elle était persuadée que dehors, des choses extraordinaires pouvaient se passer. D'autant que c'était précisément la veille de Noël.
Cet après-midi là, donc, après s'être chaudement emmitouflée, Lizzie sortit. Au loin, elle entendait les cris et les rires des enfants faisant des batailles de boules de neige sur la petite place de l'église. Elle eut envie d'y participer. Passant la tête dans l'entrebâillement de la porte d'entrée, elle cria à sa mère qui s'affairait aux derniers préparatifs culinaires :
- Maman, je descends à Branchepain rejoindre mes amis.
- D'accord ma chérie, mais ne rentre pas trop tard, car tu sais que la nuit tombe vite à cette saison. Et surtout, ne passe pas par le chemin de Catichka ! Spécialement en cette veille de Noël.
Toute l'enfance de Lizzie avait été bercée par cette phrase aussi mystérieuse que vague. On lui avait raconté que des enfants, après avoir emprunté ce chemin, disparaissaient étrangement chaque veille de Noël. Mais comme je vous l'ai déjà dit, c'était une fillette obéissante.
Pourtant, ce jour-là, la fillette eut une irrépressible envie d'enfreindre la règle. Une petite voix semblait l'appeler, une petite voix à laquelle il lui fut impossible de résister. Comme si une force l'attirait (la tirait) sur le chemin défendu ! Et elle l'emprunta...
La neige avait recommencé à tomber. Au loin, la fillette apercevait quelques fermes derrière le rideau de grands arbres poudrés de frimas. Elles semblaient dormir sous l'accumulation de cette mousse épaisse et légère. Des corbeaux, par bandes, décrivaient de longs festons dans le ciel, cherchant leur vie inutilement. Elle n'entendait plus que le glissement vague et continu de cette poussière tombant toujours. Le ciel était clair, comme un cristal bleu. Seules les cheminées des fermes en chemise blanche révélaient la vie cachée, par les minces filets de fumée qui montaient dans l'air glacial. Maintenant, plus aucun son ne lui parvenait.
C'est alors qu'un bruit sourd avait attiré son attention. Ça venait d'un bosquet sur sa droite. Celui-ci s'agitait en tous sens. Lizzie n'était pas peureuse. Elle pensa à un animal peut-être pris dans un des pièges de Vatinel.
Vatinel était un ermite un peu simplet qui vivait dans une masure toute délabrée, à l'intérieur du petit bois qui longeait le chemin de Catichka. Il vivait de braconnage. Beaucoup le tenaient pour responsables de la disparition des enfants.
En resserrant son écharpe autour de son cou, Lizzie s'était approchée du bosquet. Tout d'abord, elle ne distingua qu'une vague forme toute blanche, empêtrée dans un méli-mélo de buissons dont elle n'arrivait plus à se sortir. Plus elle se tortillait en tous sens, et plus les méchantes ronces l'agrippaient.
La fillette se saisit d'une branche de bois mort, et délicatement, écarta les longs bras griffus qui retenaient la malheureuse chose prisonnière. Celle-ci fit un bond en avant et faillit s'écraser sur la pauvre Lizzie qui n'eut que le temps de faire un pas de côté. La " chose " s'ébroua et sous les yeux médusés de la fillette, apparut... UNE PORTE !
Oui, vous avez bien lu (ou entendu) ! Une porte ! Une jolie porte avec une inscription gravée dans son bois blond " CATICHKA ".
LA LEGENDE DE CATICHKA
- Merci mon enfant, furent les premiers mots de la Porte. Sans toi, je ne serais jamais venue à bout de ces maudites ronces ! Et surtout je serais morte brûlée vive ce soir à minuit car je n'aurais pas accompli mon devoir...
Lizzie ne répondait rien, elle était comme statufiée ! Elle repensait à l'histoire terrifiante de Catichka selon laquelle des enfants disparaissaient la veille de Noël. Et la voilà justement qui se retrouvait devant celle qui terrorisait le hameau depuis des années.
Pourtant, celle-ci n'avait rien d'effrayant. Bien au contraire ! Elle était incroyablement rigolote. C'est du reste ce qui devait attirer les enfants : toute blonde, bien lisse, légèrement voûtée vers l'avant. Elle avait des yeux qui louchaient, cachés derrière deux petits hublots. Une douce proéminence en forme de nez était en fait un loquet. Une large ouverture laissait deviner, semblait-il, une langue toute rouge dans laquelle autrefois on devait glisser une clé. Qui aurait pu se méfier d'une simple porte ?
La porte lut la frayeur dans les yeux de Lizzie. Deux larmes gelées roulèrent sur le bois légèrement égratigné et elle eut un sourire un peu triste avant de continuer :
- Autrefois, j'étais la porte d'entrée d'une bien belle demeure construite en léger retrait de ce chemin. Cette demeure s'appelait Catichka, car les gens qui l'habitaient avaient trois filles : Cathy, Ticha et Katia. Trois véritables pestes, qui passaient leur temps à se disputer. Une veille de Noël, une mendiante est venue sonner. Elle avait froid, elle avait faim. Elle était allée dans chaque maison du village et partout elle avait eu le même accueil, partout on l'avait chassée ! Pourtant, elle ne réclamait qu'un modeste morceau de pain et une vieille couverture. Là encore, les trois filles lui avaient ri au nez et l'avaient traitée de sale pouilleuse avant que les parents ne la jettent dehors comme une malpropre. Elle s'est alors relevée et s'est plantée devant moi. J'ai vu son regard flamboyer de colère. Elle a pris une profonde aspiration et a soufflé de toutes ses forces. Un vent violent, terrible ! Un vent qui a tout consumé. Quand elle s'est arrêtée, il ne restait plus rien que des ruines fumantes. Tout avait disparu, même les habitants. Il n'y avait plus que moi et elle. Elle m'a regardée droit dans les yeux et m'a dit " je t'ai épargnée pour que tu sois celle par qui s'accomplira ma malédiction. Dorénavant, chaque veille de Noël, tu avaleras un enfant et tu me l'offriras. Sinon, tu mourras brûlée par les flammes de l'enfer ! Puis elle a ôté la petite clé d'or qui était restée intacte dans ma serrure. Voilà ! C'est ainsi que depuis des années, j'attire un enfant dans ce chemin la veille de Noël, pour le donner en présent à Moulina la sorcière.
- Mon dieu ! S'exclama Lizzie, mais cette malédiction ne prendra-t'elle donc jamais fin ?
- Il existe effectivement un moyen. Il faudrait que Moulina reçoive un accueil chaleureux dans une maison, une veille de Noël. Mais je crains fort que cela n'arrive jamais, car les gens ont trop peur de ce qu'ils ne connaissent pas et ils sont encore plus effrayés par la misère. Pourtant, ce jour-là, et seulement ce jour-là, Moulina me remettra ma clé, symbole de ma liberté. Mais en attendant que ce jour béni n'arrive, je vais encore devoir avaler un enfant ! Désolée, Lizzie, je n'ai pas le choix !
Et tandis que Catichka s'apprêtait à avaler Lizzie, un craquement sourd se fit entendre. La fillette ressentit un violent choc à la tête, puis elle sombra dans un trou noir et profond.
LA MALEDICTION EST LEVEE
Lizzie porta la main à sa tête. Elle sentit une énorme bosse sous ses doigts. Son crâne lui faisait un peu mal et ses paupières la picotaient. Elle entrouvrit doucement les yeux et ce qu'elle vit la rassura. Les murs qui l'entouraient lui étaient familiers. Elle se trouvait dans sa chambre, bien en sécurité dans le fond de son lit. Elle toussota légèrement. Une main douce se posa sur son front.
- Et bien ma chérie, tu peux te vanter de nous avoir fait peur ! Dit sa mère, avant de s'adresser à un monsieur qui fermait une sacoche. Docteur, va-t-elle vite se remettre ?
- Oui, sans aucun doute ! Lizzie est jeune et de solide constitution. Elle s'en tire avec une belle bosse. Par contre, vous devez une fière chandelle à Vatinel. S'il n'était pas passé par-là pour aller relever ses pièges, votre fille serait peut-être morte de froid à l'heure qu'il est. Il a vu quand elle a pris cet amas de neige sur la tête. C'est un miracle en cette veille de Noël ! Maintenant, laissons-là se reposer. Le léger sédatif que je lui ai donné va la faire dormir jusqu'à demain matin. À ce moment-là, elle trouvera les cadeaux du père Noël et ne pensera plus à cette méchante aventure !
Ce furent les derniers mots qu'entendit la fillette. Elle était épuisée par les émotions et le petit cachet du médecin faisait son effet. Elle sombra dans un profond sommeil.
.......
Rêvait-elle ? Ne rêvait-elle pas ? Il lui avait semblé entendre le timbre de la porte d'entrée. Lizzie se sentait comme dans un cocon. Elle était bien et n'avait pas envie de bouger, même pas le petit doigt. Le réveil lumineux sur sa table de nuit indiquait minuit. Elle avait dormi longtemps et se sentait reposée. Elle crut entendre des bruits de voix, des raclements de chaise, des éclats de rire, puis de nouveau une porte se refermer. Puis plus rien... Et de nouveau, elle se rendormit d'un sommeil paisible jusqu'au lendemain matin.
" NOËL ! " Le jour tant attendu était enfin arrivé ! Lizzie repoussa ses couvertures et se leva d'un bond. Par sa fenêtre, elle vit que la neige était encore tombée. Elle avait tout cotonné sur son passage. Sur la petite allée qui traversait le jardin, les pas étoilés des oiseaux se suivaient. Au loin, elle pouvait apercevoir le chemin de Catichka et immédiatement elle repensa aux évènements de la veille. Mais elle se dit qu'elle avait sans doute tout imaginé. Ce devait être ce méchant coup sur la tête. Le cours de ses pensées fut interrompu par la voix claire de sa mère :
- Lizzie ? Tu es réveillée ? Le Père Noël est passé !
La fillette se rua dans l'escalier. Sous le sapin encore tout illuminé, l'attendait une montagne de cadeaux. Mais celui qui retint le plus son attention était une boîte minuscule, simplement enveloppée dans un papier blanc. Elle leva des yeux interrogatifs vers sa maman, et avant qu'elle n'ait eu le temps de lui poser la moindre question, celle-ci lui raconta :
- Hier soir, aux alentours de minuit, alors ton père et moi étions en train de dîner, quelqu'un a sonné à notre porte. C'était une vieille, très vieille femme. Elle avait faim et froid.
- Et alors, qu'avez-vous fait ? Coupa vivement la fillette.
- Doucement, ma chérie ! Pourquoi t'énerves-tu ainsi ? Nous avons invité cette femme à se restaurer et se réchauffer. Nous lui avons même proposé de rester pour la nuit dans la chambre d'amie. Mais elle a gentiment refusé. Au moment de partir, elle nous a donné cette petite boîte en nous priant de te la remettre : " Dites-lui que c'est de la part de Moulina " et elle a disparu dans la nuit glacée.
La fillette ouvrit délicatement la petite boîte. Et là, elle comprit qu'elle n'avait absolument rien imaginé, que tout était bien vrai et surtout que désormais, la malédiction était levée...
Il ne lui restait plus qu'une chose à faire.
EPILOGUE
En ce jour de Noël, la neige avait cessé de tomber. Dans le ciel, s'étiraient même quelques rayons dorés. À nouveau, Lizzie emprunta le chemin défendu, mais elle savait que désormais, les enfants ne risquaient plus rien.
Ses pas la guidèrent malgré elle jusqu'à la vieille bicoque de Vatinel. Celui-ci était assis sous son auvent brinqueballant, dans une espèce de vieux rocking-chair où il se balançait d'un air satisfait en croquant une pomme.
- Bonjour, lui dit-il tout simplement. Comment va ta tête ?
- Bien, monsieur Vatinel. Je voulais vous remercier de m'avoir sauvé la vie. Et puis, je voulais vous demander si par hasard, vous n'avez point trouvé une porte dans la neige, à l'endroit où vous m'avez ramassée ?
Le vieil homme eut un sourire ébréché et fit un large cercle du bras.
- Regarde donc derrière moi, lui répondit-il fièrement. Moi aussi, j'ai eu mon cadeau de Noël.
C'est à ce moment-là que Lizzie la distingua. La petite porte en bois blond légèrement égratigné, portant l'inscription " Catichka " était désormais la porte d'entrée de l'ermite. Il ne lui manquait plus qu'une chose. Lizzie fourragea dans le fond de sa poche et en ressortit la petite boite. Elle l'ouvrit et en ressortit une minuscule clé d'or qu'elle s'empressa de glisser dans la petite serrure. Il lui sembla bien que la porte lui adressait un coup d'œil malicieux...
" Joyeux Noël, Catichka ! "
Publié le 16/11/2008 à 12:00 par noeldeladamedelabcd

Cassiopée
Il était une fois , un pays qui n'était pas du tout imaginaire.
À l'est de cette contrée fleurissaient sur des immenses champs verts des fleurs de toutes les couleurs.
Il y en avait des rouges, des roses, des bleues, des blanches, des jaunes.
Elles se désaltéraient sur les berges d'un grand lac.
L'eau était si limpide que les cygnes aux plumages immaculés pouvaient s'y contempler comme dans un miroir.
Dans ce pays vivait Cassiopée .
C'était une très jolie petite fille.
Elle avait de grands yeux bruns, que de longs cils noirs, comme ceux d’une biche, protégeaient de la lumière du soleil.
Une barrette parfois ornée d’un cœur, ou d’une petite grenouille verte, ou bien d’une coccinelle, retenait ses cheveux châtain clair, qui sans cesse tombaient sur son front couleur de lait.
Cassiopée devait avoir trois ans lorsque le narrateur décida de conter cette histoire.
C’était une nuit où le ciel habituellement noir, était illuminé par une multitude d’étoiles. Elles étaient toutes plus étincelantes les unes que les autres, et déversaient leur lumière sur le char de la nuit.
La lune formait un croissant bien terne sous toutes ces taches lumineuses qui scintillaient au firmament.
Au milieu de cette nuit étoilée, un traîneau tiré par quatre magnifiques rennes, fendait l’air frais à vive allure.
Il était somptueusement décoré.
On distinguait très nettement grâce à la lumière que diffusaient les deux lanternes placées de part et d’autre de la voiture, les portes revêtues de peintures.
Sur celle de droite étaient dessinés des présents enveloppés dans des papiers glacés et fermés par des rubans dorés.
Sur celle de gauche était peinte une paire de petites chaussures, déposée au pied d’un grand sapin parcouru par des guirlandes argentées ou dorées.
Des boules de toutes les couleurs complétaient la décoration de l'arbre.
Le traîneau glissait sur la neige en laissant une trace profonde.
Il se dirigeait vers la forêt sous le bruit du fouet qui claquait dans l’air pour forcer l’allure des rennes qui tiraient l’attelage.
Ils avaient fières allures, avec leurs longs poils bruns qui les protégeaient du froid glacial dans cette nuit qui annonçait Noël.
Leurs bois étaient parcourus de guirlandes, et de quelques grelots, si bien que le déplacement du traîneau se faisait sous le tintement rythmique des clochettes.
C'était le traîneau du Pére Noël.
C'est lui qui faisait claquer son fouet au-dessus de l’échine des rennes sans les toucher. Il souhaitait seulement leur commander d'aller plus vite.
Il était assis à droite du siège avant, enveloppé dans son grand manteau rouge, fermé par une large ceinture de cuir.
Une ample capuche le protégeait du froid.
Sa longue barbe blanche, bouclée, couvrait son gros ventre.
Un petit sourire aux coins de ses lèvres couleur vermeille montrait la joie qu’il avait de conduire son attelage à travers la nuit étoilée de ce beau pays.
Il nous semblait qu’il suivait dans le ciel une étoile plus brillante que les autres, mais personne ne connaissait son secret.
Seul lui savait la route qu’il devait suivre pour se rendre dans son usine de jouets.
Elle se trouvait de l’autre côté de la forêt.
Assise près de lui Cassiopée tout de rouge vêtue regardait autour d’elle avec ses grands yeux de biches.
Un immense capuchon bordé d’hermine blanche la protégeait du froid.
Une peau de bête jetée sur ses genoux et ses pieds diffusait une douce chaleur comme celle d’une cheminée.
Personne ne savait pourquoi Cassiopée était assise prés du Père Noël. Mais il semble bien que pour cette nuit exceptionnelle.
Il l’avait choisie pour l’aider à remplir sa hotte de cadeaux, pour tous les enfants du monde.
Fin.
Publié le 16/11/2008 à 12:00 par noeldeladamedelabcd

Autant que je m’en souvienne
À mon avis, c’est un des plus beaux contes de Noël. Si c’est le plus beau conte, c’est que je l’ai vécu.
Même si je suis rendue à l’automne de ma vie, il est impossible pour moi, d’oublier ces si beaux souvenirs.
Je n’ai pas besoin de vidéo pour me rappeler tout ça. De toute façon, dans les années 1938-40 ça n’existait pas.
Tous ces souvenirs de Noël sont dans mon jardin secret que je visite souvent, surtout en cette période de l’année.
J’aimerais bien vous en faire découvrir un tout petit coin. Vous revivrez certainement les beaux Noël d’autrefois.
J’ai eu la chance d’avoir de très bons parents. J’ai vu souvent «Maman, embrasser le Père Noël»!
J’avais une maman et un papa en «OR»!
Le plus beau cadeau qu’ils m’ont offert, c’est la vie et l’amour que j’ai vécu avec eux, ainsi que mes trois plus jeunes frères et mes grands-parents qui habitaient avec nous.
Dans ces années là, nous n’allions pas voir nos grands-parents dans des Manoirs ou dans de piteux foyers à Noël car ils demeuraient chez nos parents.
C’est la raison pour laquelle, le «Temps des Fêtes» était si réjouissant.
C’était «Le bon vieux temps… Noël en famille»!
Au début du mois de décembre, il y avait des décorations partout dans les vitrines des grands magasins, comme Eaton, Morgan, Ogilvy’s, Dupuis & Frères et plusieurs autres.
J’avais à peine cinq à six ans et je me souviens que maman, papa, mon petit frère et moi, allions voir la Parade du Père Noël sur la rue Sainte-Catherine à Montréal.
Je trouvais ça tellement beau, c’était comme un rêve. Mon cœur battait plus fort au son des gros tambours et ça faisait comme un gros trou dans mon cœur tellement la fanfare résonnait. C’était très impressionnant !
Après la Parade, nous nous rendions chez Eaton, pour voir le Père Noël !
Il y avait beaucoup d’enfants accompagnés de leurs parents qui attendaient en ligne.
Lorsque mon tour arriva, le Père Noël m’a placée sur ses genoux et m’a parlé avec un langage que je ne comprenais pas du tout en me faisant son plus beau sourire.
J’aurais tant aimé lui parler et lui dire que j’aurais aimé recevoir pour Noël un carrosse, une poupée, une petite couverture et une petite taie d’oreiller !
J’étais un peu confuse à l’idée que je ne pouvais pas m’exprimer, mais j’étais quand même heureuse d’avoir pu m’asseoir sur ses genoux et de voir sa belle barbe blanche et ses belles joues toutes joufflues ainsi que son bel habit rouge et ses grosses bottes noires. Je venais de voir le vrai Père Noël, car le vrai Père Noël pour moi, était celui qui était chez Eaton !
Puis, c’était la Fée des Étoiles qui m’attendait pour me donner un présent ainsi qu’à mon petit frère de deux ans.
Nous avons fait un grand tour dans le train du Père Noël ! OH que je trouvais ça beau ! Il y avait tellement de choses à regarder et tout était brillant et scintillant !
Il y avait le Petit Renne au nez rouge, les lutins, de grosses cannes de Noël, des jouets de toutes sortes et le conducteur du train qui faisait sonner la cloche du train et activait le «TCHOU TCHOU» de la locomotive. Je trouvais tout ça très impressionnant, je sentais comme un frisson à l’intérieur de moi tellement tout ça m’émouvait !
De retour à la maison en tramway, tout ce que j’avais vu, se déroulait dans ma petite tête d’enfant. Je me demandais la raison pour laquelle le Père Noël ne me parlait pas d’une façon pour que je puisse le comprendre ? Je me disais qu’il ne pourrait pas m’apporter ce que je j’aurais désiré puisque je ne n’avais pas su comment lui dire dans la langue qu’il parlait. Ma grande peine était de penser que je risquais de rien recevoir pour Noël !
Il ne restait que deux semaines avant Noël. Maman avait placé toutes ses décorations et avait fixé une belle couronne décorative sur la porte d’entrée.
Papa avait acheté et installé le sapin de Noël et maman l’avait décoré avec de belles boules multicolores, des petites flûtes, des oiseaux, des guirlandes, des glaçons, des lumières et un bel ange à l’extrémité de l’arbre. Au pied de celui-ci, elle avait construit un beau village avec des petites maisons toutes illuminées ainsi qu’une minuscule chapelle. Il y avait une Crèche avec tous les personnages mais le Petit Jésus n’était pas encore là. Va sans dire, que le Père Noël avec sa poche sur le dos avait pris une place très importante dans ce décor.
Je regardais tout ça et je pensais qu’il fallait que je trouve un moyen pour que le Père Noël sache ce que mon petit frère et moi voulions pour Noël !
J’ai demandé à papa, s’il voulait bien retourner avec nous chez Eaton.
Je lui ai dit : « Peut-être que tu pourrais venir à côté de nous et lui dire ce que nous voulons, il te comprendrait car je t’entends quelques fois parler comme lui.»
Papa était bien d’accord et joua le jeu. Il ajouta : « Tu pourrais peut-être lui faire un dessin qui lui décrirait ce que ton petit frère et toi désirez pour Noël?»
Sur ce je me suis empressée de faire ce qu’il venait de me suggérer et nous sommes retournés chez Eaton. J’étais très heureuse de voir que papa m’avait donné cette solution. J’étais très énervée en arrivant au grand magasin. Comble de malheur, je ne trouvais plus mon dessin ; je l’avais égaré !
Et pour ajouter à ma peine, le gardien de sécurité ne voulait pas que papa s’avance au-delà de la barrière. Papa tenta de lui expliquer la raison pour laquelle il voulait venir avec nous, mais le gardien n’entendait rien à cause de la bousculade et les cris de tous ces enfants qui attendaient leur tour.
Alors, mon petit frère et moi sommes retournés le revoir tout en souhaitant qu’il puisse nous comprendre. Mais non… il flattait mon épaule en me regardant avec son plus beau sourire. Nous sommes revenus à la maison et j’avais le cœur bien gros. Je ne comprenais pas la raison pour laquelle j’avais perdu mon dessin.
Tous les jours, j’écoutais le Père Noël à la radio qui nommait le prénom de tous les enfants qui avaient été sages. Curieusement, il parlait la même langue que moi et lui, je le comprenais. Je me demandais pourquoi je ne pouvais pas comprendre le Père Noël du grand magasin Eaton ?
Embarrassée devant mes questions, Maman m’avait expliqué qu’il se faisait aider par son frère qui parlait plusieurs langues à cause qu’il avait beaucoup trop à faire.
Je me suis empressée de faire un autre dessin que j’ai montré à mes parents. J’ai demandé à papa, s’il pouvait l’envoyer au Père Noël par la poste en mentionnant qu’il provenait de mon petit frère et moi. Et surtout, sans oublier de mentionner l’adresse de notre domicile.
Les jours passaient et je comptais les journées avant que Noël arrive, je trouvais ça long. Je disais ma prière à tous les soirs pour que le Père Noël n’oublie pas un seul enfant sur la terre et j’espérais bien fort qu’il reçoive mon dessin.
Maman et ma grand-mère cuisinaient des tourtières, des beignes, un beau gâteau aux fruits et toutes sortes de bonnes choses pour le temps des fêtes.
La veille de Noël arriva enfin. OH ! Que j’étais heureuse ! Avant d’aller au lit, maman avait déposé un verre de lait avec une assiette de beignes pour le Père Noël.
Mon frère et moi, avions accroché notre bas à la cheminée.
Lorsque je me suis couchée et j’éprouvais beaucoup de difficultés à m’endormir. Je visualisais le Père Noël avec ses rennes dans le ciel avec sa poche remplie de cadeaux. Finalement, une fois endormie, j’ai cru avoir vu maman embrasser le Père Noël encore une fois.
Le lendemain matin à mon réveil, grosse surprise ! Mon petit carrosse, ma petite couverture, la petite taie d’oreiller et une superbe poupée étaient là et mon bas était rempli à raz-bord. Mon petit frère avait reçu un gros ourson et plusieurs petites autos miniatures et son bas était plein de belles choses.
Curieusement, le petit Jésus avait pris place dans la crèche avec Joseph et Marie. Le verre de lait et les beignes que maman avait déposés sur la table étaient disparus.
Il faut laisser rêver les enfants, ne jamais détruire leurs rêves. Il faut plutôt les aider à les réaliser, tout comme maman et papa ont si bien fait avec nous.
C’est si court le temps de l’enfance.
FIN
Publié le 16/11/2008 à 12:00 par noeldeladamedelabcd

Au centre de la terre
Le traîneau du Père Noël survolait le Mexique. D'après le tableau de bord il était 3 heures, ce qui indiquait un retard d'un quart d'heure sur le plan horaire. Mais le Père Noël ne s'inquiétait pas, il avait connu pire certaines années. Il lisait calmement sur l'ordinateur la liste de commandes des enfants.
― Bon, ça je l'ai fait… ça, je viens de le faire… on en est donc à Laurent et Grégoire dans la Sierra Negra au Gouffre de… Quoi !
Les rennes pointèrent l'oreille.
― Au Gouffre de… bégayait le Père Noël. Alors là !… Alors là !
Vieux Renne qui avait déjà tout compris marmonna :
― Eh bien ! Après une livraison en haute mer, une sur un ballon et celle que nous allons faire maintenant en spéléologues, on sera prêt pour faire une station orbitale ou une descente de canyon en rafting ! Le petit a raison, tu dois revoir tout l'équipement du T3 pour tes prochaines tournées !
― C'est à dire que celui-là, on peut plus tellement l'améliorer, dit le petit en question. C'est carrément une nouvelle version qu'il faut envisager ; d'ailleurs j'ai déjà imaginé des modèles supers.
Le Père Noël jeta un coup d'œil inquiet à ses bottes ; elles étaient prévues pour le froid et la neige mais pour descendre sous terre, il ne le jurerait pas.
"Tu déposeras les jouets au pied du sapin que papa et maman auront descendu dans le Gouffre, si c'est pas trop te demander. Nous on te gardera sur le feu du lait bien chaud pour toi et tes rennes. Couvre-toi bien quand même." disait la lettre des deux enfants.
― Alors il n'y a plus qu'à espérer que le sapin soit proche de l'entrée de la grotte !… Dis-moi Junior, toi qui t'intéresses à beaucoup de choses, tu t'y connais un peu en spéléologie ?
― Heu… C'est à dire que l'occasion ne s'est pas encore présentée. Tu voudrais savoir s'il y a des cheminées extérieures qui conduisent direct vertical au centre des grottes sans se taper le chemin sous terre ?
― Sait-on jamais ! répondit le Père Noël. Et pour une fois que je verrais un nouveau modèle de cheminée, ça me ferait plaisir !
― Ouais, tranquille, cool ! répondit Junior avec une voix quand même coincée qui fit jeter à Vieux Renne un coup d'oeil étonné vers lui.
Le gouffre fut difficile à trouver malgré les projecteurs du T3. Un fois localisé, il fut survolé plusieurs fois pour tenter de trouver un accès conforme aux souhaits du Père Noël. Rien de ce genre !
― Bon, j'ai compris, dit le Père Noël, ce sera donc à pied par l'entrée officielle et les galeries !
Il prit sa hotte, une corde, une lampe de secours et entra dans la grotte. Puis se ravisant, il se tourna vers Junior. ― Pour une fois, tu vas venir avec moi. Tu pourrais m'être utile dans cet environnement que je ne connais pas et comme ça, tu ficheras la paix à Vieux Renne. T'es content ?
― Oh tu sais, j'aime bien aussi rester au traîneau à t'attendre en bavardant. C'est sympa avec l'Ancêtre des fois !
― Non mais je rêve ! dit l'Ancêtre en question. T'aurais pas un peu peur, plutôt ?
― Oh ça va mec !
― Dépêchons-nous, ça va augmenter notre retard cette affaire ! s'énerva le Père Noël.
― C'est à dire, déclara Jeune Renne d'un air sentencieux, que si l'on considère que la pratique de la spéléologie demande un équipement spécial tel qu'un casque pour les chutes de pierres, un système d'éclairage à l'acétylène, une combinaison, des gants de protection, des bottes et une couverture de survie, je dirais…
― Tu parles comme Vieux Renne maintenant !… Allez, avance et fais attention où tu mets tes sabots.
C'est une vaste caverne qui les accueillit mais pour continuer leur chemin, ils durent emprunter une étroite galerie où l'humidité commença à se faire bien sentir.
― Si on appelait, proposa Junior mal à l'aise. Comme ça on saurait de suite si c'est loin.
― C'est ça, coucou c'est moi papa Noël, j'arrive ! Fais plutôt attention aux éboulements et aux chutes de pierres.
Au sol, l'argile était glissante, ce qui amusa Junior qui s'offrit quelques glissades jusqu'à une étroiture qui stoppa leur progression.
― Ben dis donc, c'est pas large pour passer ! Faut y aller les pieds d'abord.
Le Père Noël vit de suite que lui, son gros ventre et sa hotte, ne passeraient pas ensemble. Il fit donc descendre la hotte attachée à la corde, puis engagea ses pieds. Jusque là, pas de problème. Ensuite il engagea ses fesses ; toujours pas de problème. Puis ce fut le tour de son ventre : là, plus rien ne passa.
― C'est ce qu'on va voir ! Pousse-moi Junior… Pas si fort, tu me fais mal !… Non attend, on y arrivera pas comme ça, je sais ce qui gêne.
Il déboucla sa grosse ceinture, enleva son manteau et réussit à descendre.
― A toi Junior, dit-il en se rhabillant. Regarde au passage si j'ai rien fait tomber de mes poches… Alors tu viens ?
― Et si y avait des bêtes, tu crois qu'on les entendrait ? Si ça se trouve, il y a un dragon qui dort au fond depuis des siècles. Ou plein de chauve-souris accrochées aux parois et qui vont venir nous sucer le sang. Je le sens pas ce coup-là, je le sens pas…
― Tu oublies une chose et ça me déçoit beaucoup, c'est que je suis le Père Noël ! Ce qui veut dire qu'avec moi tu ne risques rien ! Mettons ça sur le compte de la peur et n'en parlons plus.
Et très offensé, il avança sans plus attendre. Junior descendit à toute allure pour ne pas rester seul derrière. Ils suivirent une galerie où les concrétions formaient un spectacle inoubliable sous la lumière de la lampe. Emerveillé, Junior les regarda comme on regarde des décors de Noël.
― Je sais comment ça s'appelle ! Des stilagt… des staligt… sta-lag…mites ! Et il y a aussi des sta…lagtites. Je sais plus lesquelles descendent et lesquelles montent mais on s'en fiche, c'est hyper beau.
― Chut ! J'entends des voix au loin ! En se guidant à l'oreille on devrait y arriver rapidement. Prenons par là.
― Moi je dirais plutôt par là !
― Non-non, c'est comme j'ai dit ! se fâcha le Père Noël.
― Bon, mais comme mes oreilles sont plus grandes que les tiennes, elles entendent mieux !
La nouvelle galerie qu'ils prirent les mena à une zone inondée qui les fit rebrousser chemin ; la traversée demandait trop d'expérience et de temps pour la tenter, et de plus l'eau était glacée. Revenus à la bifurcation, ils suivirent un tunnel mouillé dont les parois calcaires s'étaient constituées au fil du temps de squelettes d'animaux microscopiques, de coquillages et d'impuretés diverses.
― Tiens les voilà tes bêtes terribles ! dit le Père Noël en se moquant.
Partout, des cavités créaient des zones d'ombre qui effrayaient Junior.
― J'en ai vue une ! cria-t-il soudain.
― Une quoi ?
― Une bête ! Je t'assure qu'elle est cachée là, dans ce trou ! Je l'ai vue, je te dis, je l'ai vue ramper le long du mur !
Paniqué, Junior s'était plaqué au sol, les quatre pattes étalées de chaque côté.
― Dans un si petit trou ! s'exclama le Père Noël. Alors, c'est qu'elle est plus petite que toi et plus effrayée encore.
Il riait de bon cœur en continuant son chemin quand soudain, un grognement terrible retentit devant lui, suivi aussitôt d'un autre dont la résonance des lieux amplifiait et prolongeait le son.
― C'est la bête du Gouffre ! hurla Junior.
― Chut ! Tais-toi que j'écoute.
― Faut toujours que je me taise, mais un jour vous le regretterez !
Le Père Noël lança un caillou loin devant lui : rien ne bougea.
― A mon avis c'est le chien des gens, mais il est encore loin de nous, dit-il en se retournant vers son renne… Ben où es-tu ?… Junior ?
Il entendit résonner au loin les sabots du jeune renne qui s'échappait au grand galop. Sur le coup, il fut contrarié ne sachant ce qu'il devait faire : lui courir derrière pour le ramener ou avancer pour déposer les jouets aux enfants. Il se décida finalement à avancer, pensant bien que son renne retournait au traîneau. "Me demande si j'ai pas visé un peu trop jeune avec lui !"
En se fiant aux voix qu'il entendait, le Père Noël continua son chemin. Il finit par apercevoir les lueurs d'un éclairage. "J'avais raison, la petite famille est là !" Il déboucha dans une salle éclairée par des lampes à acétylène. Au milieu était installé un petit sapin décoré de guirlandes scintillantes ; deux femmes et deux hommes mangeaient à côté en se racontant des histoires drôles. Une nappe blanche posée au sol contenait les victuailles et les couverts ; des bougies d'ambiance ajoutaient leur contribution à cette nuit de fête.
Le Père Noël repéra les enfants couchés près de la paroi, dans l'ombre, en train de dormir au fond de leur sac de couchage. Il sourit. "Finalement, c'est une belle aventure que leur offrent leurs parents une nuit comme celle-là ! Ce Gouffre n'est pas très profond, ni dangereux... quoi qu'en pense Junior."
C'est à ce moment que quelque chose lui déboula dans les pieds au risque de le renverser : c'était un chien pourchassant des rats. "La voilà la bête féroce !" Il le siffla doucement pour le faire venir à ses pieds, lui murmura quelque chose à l'oreille, et attendit. Deux minutes après, le chien revenait avec une botte d'enfant dans la gueule. "Il n'y en a qu'une mais on s'en contentera." Et il déposa les jouets commandés à coté. "Je te laisse monter la garde jusqu'à leur réveil, dit-il au chien qui le regardait en remuant la queue. Couché là !"
Il resta encore un instant, caché dans l'ombre, à admirer le merveilleux décor. L'eau étincelait sur les concrétions et créait des ombres et des reliefs saisissants de beauté. L'arbre de Noël semblait magique tant il était insolite ici, les gens paraissaient irréels. Tout concourrait à former un spectacle surnaturel duquel il eut du mal à s'arracher... Et puis il écouta les histoires drôles que se racontaient les parents... "Il faudra que je m'en souvienne pour les redire à mes rennes ; ça leur donnera du courage pour le restant de la nuit !"
En reprenant sa hotte, il aperçut un grand bol de lait qui chauffait doucement sur la petite flamme d'un réchaud. "C'est pas de refus, avec ce froid de canard !"
De retour au traîneau, il n'y trouva que Vieux Renne.
― Et Junior ?
― Je le croyais avec toi. Ah, ça aurait été trop beau ! dit le vieil équipier en regardant autour.
― C'est quand même louche ça. J'y retourne pour le cas où il se serait perdu.
Le Père Noël connaissait son jeune équipier et savait que même turbulent, il aurait été à son poste en temps voulu. Il repartit donc dans la grotte, refit le chemin mais cette fois en explorant chaque trou et galerie… Dans l'état de panique où était Junior, l'hypothèse de l'accident n'était pas idiote.
Il appela, évalua le diamètre des trous… "Non, là, il n'aurait pas pu passer, c'est trop étroit." Ou bien : "C'est un vrai labyrinthe ici… m'étonnerait pas qu'il s'y soit perdu." Il explorait, explorait encore et encore, appelait sans relâche. Soudain, il aperçut la casquette de Junior par terre – il était sur la bonne piste ! Plus loin, c'est son walkman qu'il ramassa. L'heure était grave, Junior ne se séparait jamais de ces deux accessoires.
Il dépassa une cavité qui creusait un côté de la paroi et s'apprêtait à tourner dans une autre galerie quand il s'arrêta net : il lui avait semblé entendre quelque chose. Il revint sur ses pas et écouta : des reniflements s'élevaient de la cavité.
― Junior ?
― Je suis là, tout au fond ! Complètement au fond ! Viens vite me chercher, j'ai mal.
― Voilà ce que c'est d'être reparti tout seul. Tu mériterais bien que je te laisse croupir là jusqu'à la fin de ton existence !
Personne ne fut témoin du sauvetage effectué par le Père Noël, personne donc ne peut en parler, mais on sait bien que c'est une fois de plus sa magie qui a fonctionné.
Vieux Renne les vit revenir comme si de rien n'était… sauf… sauf que Junior baissait la tête.
― Allons-y les rennes ! Il faut rattraper notre retard. Tchac-tchac, en route !
Le traîneau s'éleva dans le ciel pour reprendre sa distribution de cadeaux. Ce n'est que plus tard que Vieux Renne demanda à son équipier :
― Alors, tu me le dis ce qui s'est passé ?
― Rien, c'est une bête qui m'a poussé dans un trou. Mais je l'ai bien combattue, et si t'avais vu comme elle était féroce !
Père Noël sourit dans sa barbe en hochant la tête. Après tout, cette mission d'un nouveau genre s'était bien terminée, il était vraiment le grand maître de cette nuit.
FIN
Publié le 16/11/2008 à 12:00 par noeldeladamedelabcd

Arrêtez les flashs !
Evidemment, il y avait eu beaucoup d'escaliers à monter - ça prend du temps. C'est que tous les immeubles n'ont pas l'ascenseur... Quant à avoir une cheminée, ça serait trop leur demander !..." pensait Vieux Renne qui transpirait sang et eau en tractant le traîneau.
Il y avait eu aussi beaucoup de temps passé à chercher une place pour garer T3. Mais était-ce vraiment une raison pour que Père Noël file maintenant à cette folle allure ?
- A propos Père Noël, n'avais-tu pas dit “juste un bout d'autoroute” ? Or ça fait trois sorties que nous passons. Je suggère donc de prendre la prochaine.
- C'est moi qui ai le listing des commandes et le plan de vol, je sais par conséquent où nous devons sortir, répondit Père Noël, d'une voix sonore qui dégagea de la buée dans l'air froid.
L'équipier Jeune Renne, lui, tractait le T3 tête bien redressée, poil ébouriffé, walkman aux oreilles par-dessus l'inséparable casquette.
- Ca c'est du sport ! criait-il à tue-tête. Profites-en l'Ancien au lieu de râler tout le temps ! T'as vu les étincelles qu'on fait à cette vitesse ? T'as vu comment ça flashe au passage ? Cours-mec-cours, c'est-speedant-à-200. Cool-mec-cool, en-filant-dans-le-vent.
- C'est ça... c'est ça, murmura Vieux Renne que rien n'énervait autant que Junior en train de chanter rap.
Bref, ils étaient en retard sur l'horaire prévu.
- Remarque, je comprends, dit encore Vieux Renne. En plus des escaliers et des stationnements inaccessibles, il y a eu ce petit garçon qui ne marchera plus jamais.
- Ben oui, c'est normal que Papy soit resté un peu avec lui. Sauf que je maintiens ce que j'ai dit au sujet du jouet qu'il lui a laissé, tu sais, ce modèle réduit de fauteuil d'handicapé pour son Teddy Bear. C'est sympa dans l'esprit, mais alors quel vieux modèle !
- C'est celui de l'Homme de Fer.
- C'est bien ce que je dis, un tas de ferraille, quoi !
Si Papy m'avait écouté...
- Il aurait au moins ajouté “un jeux vidéo qui décoiffe”, je sais !
- Gna-gna-gna... Tu y es pas du tout encore une fois. Il aurait tout simplement fabriqué un fauteuil qui décolle. De quoi ça à l'air de rester cloué au sol !
Vieux Renne leva les yeux au ciel.
- Allez les Rennes ! lança Père Noël. Gardez plutôt votre souffle pour avancer.
- Parle pour l'Ancien !
- Ben oui, ben oui, grommela l'Ancien en question, mais de toute façon, ce qui est fait est fait, le retard est bien là. Et comme rien ne se perd, rien ne se crée, je suggère de continuer à une vitesse plus raisonnable. Notre retard se traduira tout simplement par un dépassement de l'horaire final, ce qui donnera un résultat mathématique plutôt qu'une catastrophe.
- Au lieu de faire de la philo, mec, fais donc silence pour assurer le train comme l'a demandé Papy.
- Junior a raison, dit Père Noël qui ajustait ses lunettes pour consulter le listing des livraisons. Attention, pilotage automatique jusqu'à la prochaine sortie !
"Ah oui, tiens, pilotage automatique !”pensa amèrement Vieux Renne. “D'ici à ce que Junior lui bourre le crâne avec un équipement hyper technique, et adieu la nuit magique pour les rennes. Adieu la fierté de tirer le traîneau et l'émotion de distribuer du bonheur.”
- C'est égal, ronchonna-t-il tout haut, nous allons aussi vite que l'année où Père Noël a eu l'admirable idée de participer à ce fameux concert !
- Un concert ! Quel concert ? s'écria Jeune Renne allumé.
Père Noël releva le nez de sa liste.
- Oh trois fois rien, dit-il avec un air faussement modeste. Juste histoire de faire plaisir à des enfants trisomiques...
Trois fois rien pour moi...
- Tu parles ! s'insurgea Vieux Renne. Un trois fois rien qui a bien failli durer toute la nuit tellement Môssieur le Père Noël a été subitement pris du syndrome de la célébrité !
- Mais qu'est-ce qu'il nous chante là ! En voilà des façons de baptiser “syndrôme” ce qui ne fut qu'un intermède de plaisir pour tout le monde ! Je m'y suis peut-être un peu attardé, mais après tout, personne ne t'empêchait de participer à la fête, ne serait-ce que pour m'accompagner quand j'ai chanté. Seulement Môssieur Vieux Renne boudait près du traineau. Et Môssieur Vieux Renne a pris froid en attendant. C'est pourquoi Môssieur Vieux Renne a trouvé le temps long !
- T'as chanté, Papy ? Wouaaah !... C'est une idée, ça ! On pourrait former un groupe et on arrangerait les chants traditionnels. Ca ferait...
... Et Junior de clamer à tous vents un “Silent Night”-rap propre à faire tomber Vieux Renne dans le coma.
Père Noël écoutait. Ma foi, lui qui savait si bien évoluer avec le temps malgré tout ce que pouvait en dire ce petit merdeux de Junior... Ma foi, la proposition était bien tentante.
“En calculant minutieusement pour insérer le concert dans le planning de la prochaine nuit de Noël, la chose était faisable. La retransmission par satellite couvrirait le monde... Junior pourrait m'apprendre quelques-uns de ces rythmes d'aujourd'hui et en mettant des...”
Père Noël tendit soudain l'oreille.
- Qu'est-ce que j'entend ?
- Une sirène, laissa tomber Vieux Renne d'un ton pincé.
Junior continuait de scander son chant à plein poumons.
- Imaginant fort bien qu'elle émane d'une voiture de police, reprit Vieux Renne, je suggère de lever le pied gentiment.
Aussitôt dit, il fit un croc-en-jambe à Junior qui s'en étrangla.
- Désolé, mais ces messieurs de la police nous interpellent.
- Ah c'est pour ça ! Cool mec, faut pas flipper ! C'est qu'ils viennent nous proposer leur escorte pour dégager la route.
- Imbécile ! grinça Vieux Renne.
La voiture de police serra le T3 pour l'obliger à stationner sur la voie d'urgence.
- Vos papiers s'il vous plaît. Vous avez été flashés par le radar.
- Je sais messieurs que j'allais vite, mais convenez qu'un Père Noël en retard est un Père Noël qui ne pourra pas livrer tous les enfants. Ce serait bien fâcheux. J'ajoute pour mon honneur, que cette situation impensable ne m'est jamais arrivée.
- Père Noël... vraiment ! Cet après-midi, j'en ai déjà arrêté un qui avait trop réchauffé à l'alcool son temps de travail sur les boulevards. Et hier, c'en était un autre qui avait pris son véhicule pour le traîneau du Père Noël et s'octroyait des priorités dangereuses. En ce qui vous concerne, je reconnais que votre cas est plus original. C'est à s'y méprendre !
Avec votre sens du spectacle, vous devriez penser à faire Halloween l'an prochain.
Jeune Renne ne put retenir qu'à moitié son éclat de rire, et encore, grâce au vigoureux coup de sabot que venait de lui décocher Vieux Renne en murmurant :
- Prépare-toi plutôt à faire des heures sup, trouduc !
Le flic tendait une contravention au Père Noël.
- Vous savez combien de points votre petite fantaisie vient de vous coûter ? Continuez comme ça et votre permis sera vite suspendu... s'il n'est pas supprimé définitivement !
- Vous avez sans doute des enfants, répondit le Père Noël rouge de colère... Vous savez combien de jouets en moins risque de leur coûter votre petite fantaisie ? Recommencez ça l'an prochain et vos enfants seront définitivement rayés de ma liste, foi de Père Noël !
Pour ce qui est de la fin de l'histoire, sachez simplement que les pouvoirs du Maître de la Nuit Magique effacèrent l'offense et le retard qu'avait pris l'invincible livraison.
- Quand même, ronchonna le vieux bonhomme au manteau rouge, ne pas être fichu de faire la différence entre le vrai et le faux Père Noël !…
Fin.